Des chercheurs américains ont envoyé ce champignon à bord de la Station spatiale internationale et espèrent exploiter ses propriété antiradiations pour protéger les astronautes jusqu'à la planète Mars, « et au-delà ».
Parmi les multiples risques pour la santé que font courir les voyages spatiaux, les radiations cosmiques font partie des plus problématiques. Ces rayonnements ont la fâcheuse propriété de détériorer l’ADN et d’augmenter les risques de cancers. Dès lors qu’ils quittent la Terre et son protecteur champ magnétique, les astronautes y sont exposés. À bord de la Station spatiale internationale (ISS), le champ magnétique terrestre atténue encore ses effets et les missions lunaires ont jusqu’à présent été suffisamment courtes pour ne pas être trop risquées. Mais une mission habitée vers Mars durerait a priori au moins deux ans, sans parler d’éventuels colons au long cours tels que les rêvent les milliardaires de l’industrie spatiale.
Protéger ces futurs pionniers des radiations cosmiques reste donc un défi majeur… qui pourrait être résolu par un champignon. C’est ce que suggèrent des chercheurs américains dans un article mis en ligne le 17 juillet sur la plateforme de pré-publication BioRxiv. Les auteurs expliquent avoir cultivé en laboratoire Cladosporium sphaerospermum, un champignon retrouvé au cœur de la zone contaminée de Tchernobyl et donc adapté aux radiations. Ils ont ensuite envoyé l’échantillon dans sa boîte de Petri en orbite à bord de l’ISS pendant 30 jours, pour étudier ses capacités à absorber les radiations cosmiques.
Radiosynthèse
Résultat : les radiations avaient diminué de 2 % en-dessous d’une couche de 1,7 millimètre du champignon protecteur. « Une couche d’environ 21 cm d’épaisseur de ce champignon pourrait en grande partie annuler l’équivalent de la dose annuelle de radiation présentes à la surface de Mars », concluent les chercheurs.
Grâce à des pigments de mélanine qui se nourrissent de rayons gamma, C. sphaerospermum utilise ces rayonnements délétères pour les transformer en énergie chimique. En d’autres termes, le champignon fait par radiosynthèse ce que font les plantes avec la lumière par photosynthèse, expliquent les auteurs.
« Même si une éruption solaire endommage sérieusement le bouclier antiradiations, il sera capable de se reconstituer en quelques jours »
Ce champignon aurait donc de nombreux atouts pour devenir le bouclier spatial antiradiations du futur. « Ce qui rend ce champignon génial, c’est que vous n’avez besoin que de quelques grammes pour commencer, il s’auto-reproduit et s’auto-guérit : donc même si une éruption solaire endommage sérieusement le bouclier antiradiations, il sera capable de se reconstituer en quelques jours », assure au New Scientist le chercheur Nils Averesch, de l’université Stanford et co-auteur de l’étude.
Défis techniques
Il reste toutefois encore quelques défis techniques à relever avant de disposer d’un bouclier fongique cosmique, admet Nils Averesch dans le journal britannique. D’abord, le champignon ne supporterait pas le froid extrême qui règne à la surface de Mars et il faudrait donc imaginer cultiver la couche protectrice au chaud, derrière un premier mur. Il faudrait ensuite pouvoir lui apporter des ressources en eau suffisantes, ce qui augmentera la quantité du précieux liquide à récupérer dans les glaces martiennes.
Une alternative peut-être moins exigeante pourrait toutefois consister à mettre au point un matériau pour les constructions ou les combinaisons spatiales qui utilise la mélanine comme le champignon pour convertir les rayonnements en énergie. C’est ce que suggère un autre auteur de l’étude, Graham Shunk, également auprès du New Scientist.
D’autres expérimentations seront nécessaires avant de savoir si Cladosporium sphaerospermum deviendra le meilleur ami de l’homme dans la conquête spatiale. La solution proposée par les chercheurs américains est en tout cas loin d’être la moins orthodoxe dans la bataille contre les radiations cosmiques. Outre les boucliers pliables façon origami ou les bulles magnétiques, il a aussi été envisagé de modifier génétiquement les astronautes ou d’envelopper leur vaisseau d’un bouclier constitué de leurs propres excréments. La recherche continue.
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Image à la une : Le cosmonaute russe Alexander Skvortsov lors d'une mission extravéhiculaire sur l'ISS, en 2014. (CC BY-NC 2.0 Nasa Johnson).
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July 29, 2020 at 12:00PM
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Un champignon de Tchernobyl pourrait protéger les astronautes des radiations cosmiques - Usbek & Rica
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